2012 en texte et en images
L'hiver est une saison ralentie, on prend le temps de faire le bilan, on prépare la saison prochaine, on se repose aussi un peu en laissant aux muscles endoloris un repos bien mérité.
C'est force, fierté et convictions que nous laisse cette première saison de production. Nous avons apprivoisé notre terre, pris nos marques, nos habitudes aussi. Nous sommes plus efficaces, moins éparpillés.
Nous souhaitons remercier chaleureusement nos adhérents, qui ont participé à cette année de production de par le contrat qui les lie à nous, producteurs. Les demis-journées auxquelles se sont inscrits à peu près 50 % de nos adhérents ont été un succès et toujours une chouette rencontre autour de cette terre nourricière. Nous sommes d'autant plus convaincus que les contrats passés entre consommateurs et producteurs permettent de partager certains risques liés aux conditions météorologiques et autres maladies ou ravageurs indépendamment de la somme de travail que se doit de fournir un maraîcher. Grâce à ce partage de risques, une agriculture plus respectueuse, plus écologique et surtout plus durable peut alors naître et se développer dans le respect de chaque participant à cette alliance : la Terre, les producteurs, les consommateurs. Eh oui, l'hiver c'est aussi la période durant laquelle nous recentrons nos convictions, nous élaborons notre éthique, nous essuyons nos doutes, nous apprenons de nos erreurs, pour mieux commencer la nouvelle saison, forts de nos apprentissages de l'année précédente. Ainsi, les rangs de notre petite équipe se sont renforcés et nous avons officiellement engagé Sonia Sagon, fidèle bénévole en 2011, qui convaincue par notre démarche, accepte de recevoir le même salaire que nous - dans les faits davantage une indemnité qu'un salaire. L'heure est donc bien au bilan mais aussi à la réflexion et à l'organisation afin d'assurer l'avenir de notre entreprise grâce à la diversification de nos activités (abonnement saisonnier de cabas, vente directe, vente à des tiers, accueil de classe) et ainsi de pouvoir progressivement dégager des revenus décents et donc préserver la viabilité de nos emplois et par conséquent une agriculture pérenne.
Durant l'hiver nous avons aussi affronté, ou plutôt c'est notre infrastructure et nos cultures qui ont résisté autant que puissent, les deux tempêtes (Joachim et Andrea) et la vague de froid. Il ne nous restait plus qu'à constater les dégâts et à prendre les mesures nécessaires. Le bi-tunnel s'est trouvé avec une blessure béante sur un tiers de la structure : les plastiques n'ont pas résisté au vent de plus de 100km qui ont soufflé. Les choux qui se sont alors trouvés exposés au froid polaire y ont laissé leurs feuilles, leur peau, congelés jusqu'à la sève. Durant 14 jours la température ne s'est pas élevée au delà de 0°C. Sans parler de la bise glaciale qui a amplifiée l'impression de banquise. Nous n'avons donc pas pu planter les navets dans les délais que nous avions prévus, la terre étant gelée sur plusieurs dizaine de centimètres d'épaisseur. Saviez-vous que le 10 février 2010, donc l'année dernière, il faisait 16°C, nous n'avions pas ce soucis. Au moins cela contribuera à tuer et donc à réguler tous les ravageurs qui auront moins de facilités à se développer (beaucoup de ravageurs, comme les limaces, pondent leur oeufs en automne et les enterrent, les oeufs éclosent alors au printemps et une horde de limaçons peuvent décimer les jeunes cultures). En revanche, nous avons trouvé du fumier et nous avons épandu plus de 50 tonnes de fumier sur notre champ, à la brouette et à la fourche, au moins ça réchauffe et ça apporte des matières organiques à la terre.
PRINTEMPS
Phase 1
Une phrase pour résumer la saison de printemps qui nous avons entamé bien avant l'équinoxe :
"On a mal partout mais qu'est ce qu'on a accompli !"
En somme, nos corps regrettent encore occasionnellement notre choix de cultiver la terre car elle est bien basse mais notre tête se lève pour regarder fièrement le travail abattu, l'infrastructure qui prend forme et s'améliore au fil du temps, les plantes qui poussent, les cultures qui prospèrent.
Nous avons ainsi construit une cabane de luxe pour nos toilettes sèches, plastifié notre second tunnel et plastifié un troisième tunnel qui fera office de tunnel de multiplication, c'est-à-dire qui servira de lieux pour semer et faire pousser la plupart des plantons nécessaires à notre exploitation.Tous ces travaux de Titans ont par ailleurs aussi été possibles grâce à l'implication de bénévoles et de précieux amis ainsi que de stagiaires efficaces et souriantes, Céline et Emilie.
Nous avons engrangé 86 inscriptions. Un bon 80% des adhérents qui étaient inscrits en 2011 nous ont témoigné leur confiance et leur satisfaction en se réinscrivant pour l'année 2012. Nous avons également fait notre première vente directe à la ferme de Budé.
Le tracteur est déjà rôdé et nous a permis de maintenir nos objectifs de plantations.
Nos abeilles ont toutes survécu à l'hiver et se développent progressivement. Si tout se déroule comme prévu, nous aurons notre première récolte de miel en juin !
Un mois de mars sec et presque estival du point de vue des températures a laissé la place à un mois d'avril frais et pluvieux. Et ainsi, nous sommes arrivés à J-3 du début des livraisons ! Voici un aperçu en images des légumes qui viendront agrémenter les cabas de nos adhérents :
Phase 2
Quand le printemps glisse vers l'été...
A l'écriture de ces lignes, la confection des cabas hebdomadaires a commencé il y a déjà 11 semaines. Les jours s'écoulent au gré de la pluie et du soleil, nous offrant un printemps en dents de scie, un mélange doux-amer où se rencontrent les soubresauts de l'hiver et les apparitions furtives de l'été. Néanmoins la Nature prend son essor ; la faune et la flore profitent de la durée croissante des jours pour s'activer, se reproduire, croître, en somme se développer.
Le mois de juin reflète parfaitement ce foisonnement et à l'image de l'activité incessante dont fait preuve notre environnement, nous autres êtres humains participons à ce flux vital. Nous semons, plantons, arrosons, sarclons, désherbons. Nous parlementons avec la terre qui nourrira les plantes dont nous prendrons grand soin, afin qu'elles nous nourrissent de leurs fruits et de leurs racines.
Et nous en sommes récompensés ! En image, les tomates et les courgettes posant pour vous le 22 mai, puis le 1 juillet :
Le mois de juin a été marqué par les Portes Ouvertes qui ont eu lieu le 9 juin. C'est toujours un grand plaisir que de flâner au milieu des cultures (pour une fois que ce n'est pas pour y accomplir de durs labeurs!) et de partager nos convictions et notre enthousiasme. Des jongleurs experts ainsi que des musiciens de jazz de renom nous ont aidés à animer cette journée !
La saison fut rythmer par les demi-journées auxquelles la moitié de nos 96 adhérents se sont inscrits, durant la semaine ou lors des premiers samedis de chaque mois. Nous avons sué ensemble et collaboré. Nous sommes toujours convaincus par la richesse de ces échanges et par l'utilité du travail des adhérents, ce qui nous permet de nous soulager de façon significative.
L'équinoxe annonce l'été et nous rappelle que la Nature passe par diverses étapes au fil des saison. Le printemps représente l'éveil et l'éclosion, l'été annonce la fructification et la croissance !
Fleur de courgette
Fleur d'aubergine
Fleur de concombre
AUTOMNE
L'été est venu et est reparti sans vraiment qu'on parvienne à pleinement mesurer le temps qui passe. C'est même un constat général, que ce soit pour ceux qui partent en vacances dans des contrées plus ou moins lointaines ou pour ceux qui profitent de la belle saison dans nos régions.
Du coté de Cultures locales, les journées et les semaines étaient bien longues mais la Nature est décidément bien faite, puisque nous puisons notre énergie dans la longueur des jours et l'intensité lumineuse porteuse de vitamines vitales. Sans relâche, nous désherbons, plantons, arrosons, récoltons. Les mauvaises herbes poussent tout aussi vite et bien que les légumes et nous sommes toujours à la recherche d'une recette culinaire pour rentabiliser notre "culture" de chardon ( mauvaise herbe particulièrement envahissante sur nos terres). Nous sommes bien usés par le travail fourni mais ça en vaut définitivement la peine : chaque remarque de nos adhérents ou des personnes qui viennent s'approvisionner à notre stand nous le confirme... "Vos légumes sont incroyables !", "Avez-vous lustré vos aubergines pour qu'elles soient aussi brillantes ?!", "Les tomates, quelles saveurs, nous en avions oublié le goût !"... Et c'est vrai, cette année aura été particulièrement bonne en terme de récolte et de qualité des légumes récoltés. Les intempéries et les sécheresses successives de cette année ont moins profité aux arbres et arbustes fruitiers et nous avons dû redoubler d'imagination et d'heures supplémentaires pour ne pas perdre nos framboises. En effet, avec l'humidité ambiante au moment des récoltes, elles se conservaient très mal et nous les avons donc transformé en confiture. Les adhérents en recevront un pot lors des dernières semaines de livraison ! La récolte de miel nous aura également amené beaucoup de satisfaction : 60 kg pour une première récolte c'est tout à fait honorable ! De plus, nous avons obtenu le label qualité donc nos efforts pour choyer nos butineuses à porter son nectar ! A mesure que l'été laisse la place à l'automne, les récoltes s'intensifient... et les urgences se font moins urgentes, ça fait du bien aussi et ça contribue au sentiment général de ralentissement et nous permet de prendre la mesure du déclin de l'activité exubérante de l'été. Des envies de soupe à la courge, de choux, de pomme de terre se font sentir. Le corps demande à faire des réserves et la terre nourricière se montre des plus généreuses. Bientôt, une envie irrésistible de se calfeutrer à la maison, au bord d'une cheminée ou d'un poêle pour les plus chanceux, ou autour du radiateur ou d'une tasse de thé pour les autres, se fera ressentir. Pour nous, maraîchers, le temps sera venu de faire le bilan de l'année de production écoulée et de préparer l'année à venir. Et bien sûr de recharger les batteries et d'emmagasiner les forces et l'énergie nécessaires à la mise en place des prochaines cultures...